samedi 10 janvier 2009

Un coup de vent

Janvier. 

Depuis une semaine je contemple l'océan qui s'éclaire de la fenêtre de ma chambre, emmaillotée dans mes couvertures. Les Îles-de-la-Madeleine sont splendides sous leur manteau de neige. En ouvrant les yeux  au petit matin, j'ai pensé à toi. Depuis longtemps tu voulais connaître l'Archipel ; on s'était promis de prendre ta voiture et de regarder défiler le Saguenay et le St-Laurent jusqu'au bout, toi et moi. T'es partie trop vite, juste avant le retour de l'été, comme un coup de vent.

Oh je ne fais pas de grandes folies ; ici, les jours sont tranquilles. Je joue la médecin à l'hôpital, le stéthoscope au cou et un sourire d'enfant au visage. Quelquefois il y a de vieilles dames qui me rappellent ton souvenir, avec leurs yeux pétillants et cette manie qu'elles ont de se frotter les mains comme si c'était l'hiver aussi dans leur corps fragiles. 



Toujours quand j'entends un croassement, je tends le cou au zénith et je m'étourdis à suivre des yeux les corbeaux qui spiralent en haut. Eux aussi me font penser à toi, et à tous ces oiseaux dont tu m'enseignais les noms au lever du soleil. Quand le printemps rappliquait, je te bricolais une cabane, t'en souviens-tu ? Tu m'étreignais et me chuchotais au creux de l'oreille que c'était la plus jolie. Que les oiseaux de tous les pays voleraient s'y réfugier.

Le vent souffle très fort, ce soir ; agrippe-toi bien aux étoiles, Grand-Maman.

1 commentaire:

Miléna a dit…

Magnifique, ce texte. Très émouvant et diablement bien écrit. J'aime.