vendredi 2 janvier 2009

The time of your life

À vérité ou conséquence (je choisis toujours vérité), tu m’as demandé quel était l’instant où j’avais été le plus précisément heureuse. Je vais te raconter, je vais te raconter au meilleur de mon souvenir.

C’était en août, le 32 ou le 33 peut-être bien. C’était sur l’Île de Pâques, plutôt Rapa Nui comme on l’appelle là-bas. « La grande lointaine ». J’étais là, imprévue, par un concours de circonstances, par une bulle de folie de fin d’été. J’errais tranquille où les Moaïs attisent les légendes, à des milliers de lieues entre l’Amérique latine et Tahiti, sur leur parcelle de terre de fin du monde.

L’instant de ma vie, c’était cet ultime matin de parfaite quiétude. J’avais ouvert les yeux aux aurores. Traversé l’Île sur sa largeur pour surprendre l’aube qui s’éveillait de l’autre côté. Le silence n’était rompu que par le rythme de mes pas sur la terre vermillon. De temps à autre par le galop d’une horde de chevaux sauvages passant en coup de vent qui me taquinait les jambes.

Ce matin-là, je me suis assise sur le sable près des vagues, j’ai fixé le soleil qui s’imprimait par-dessus l’océan infini. Un vieil homme s’est approché sur son cheval, un bâton de pêche rudimentaire en main. Il s’est agenouillé à côté de moi, muet, fixant devant lui aussi. 

Le jour s’est levé, nous avons échangé quelques mots chuchotés. Le peu qu’il faut pour se comprendre, lui en Māori et moi en Espagnol. Ce matin-là, j’ai compris que sur son Île du bout du monde, il y avait tout ce qu’il faut pour vivre.



C'était ça. 

And for what it's worth,
it was worth all the while.

3 commentaires:

Mek a dit…

Oui. Les seuls vrais besoins sont intimes.

J. a dit…

Voilà. Il y avait les poissons dans la mer, il y avait le jour qui se levait chaque matin comme ça.

Mek a dit…

Je sais. Pourquoi chercher ailleurs ?