mercredi 31 décembre 2008

Une luciole sur un high


C'était il y a quelques hivers déjà. J'avais les idées entremêlées, les décisions sur des coups de tête. J'avais le coeur qui battait tout croche, une première fois.

Les samedis soirs je me réfugiais dans un café avec mes bas de laine, je me plongeais dans un bouquin puis un autre. Il y avait cette fille blonde au grand piano, avec sa voix cristalline et sa poésie qui faisait naître des étincelles. Qui chantait « t’sais que la vie est trop maligne quand t’es pas là ». 

Je savais. Ses interprétations délicates de Damien Rice me réchauffaient, cet hiver où il a beaucoup neigé. En faisant escale des fêtes dans mon ancien patelinje suis retournée lire dans le fauteuil près du piano, pour lui dire merci. 

Elle a des jolies compositions par ici  : 

jeudi 25 décembre 2008

Noël

C'était le 24 décembre chez S. et sa petite famille que j'aime beaucoup. Invitation innatendue de dernière chance, revirement de situation. Faut dire que j'adore les surprises. 

Il était beau, S. Quand il jouait au petit garçon, quand ses pieds frôlaient les miens sous la table. Il était vraiment très beau, même après que je lui aie balancé ces quelques mots maladroits sur le coin du lit ce matin.  Il a cette insouciance qui me fait défaut, pour le meilleur ou pour le pire. 

M'enfin. Le réveillon chez lui c'était aussi la messe de Noël. Ça m'a beaucoup fait penser à Grand-Maman. Je choisissais toujours la place à côté d'elle, sur le premier banc à l'avant de l'église. Ça fait quelques années déjà qu'elle est partie, comme ça, sans prévenir. Et elle me manque terriblement. Elle était celle qui prenait le temps de m'écouter, elle était celle qui croyait très fort en mes rêves, celle qui était si fière de sa petite-fille. Elle était celle que j'aimais le plus énormément au monde, que je lui disais tout le temps. 

S. a compris que j'avais le coeur lourd, il a serré ma main très fort.

Joyeux Noël à vous. 
Le mien était tout doux. 

Tu te souviens de ça ?

Coups de pinceau pour des mondes inconnus chansons poussiéreuses d’un sous-sol trésor et la vie qui tournoie tout autour, les lumières de la grande Île et du petit Village Noël mon ventre que tes mains chaudes habillent et la blanche neige qui recouvre doucement les têtes tourbillon. 

Cette parcelle de décembre qui  te charme les sens.


mardi 23 décembre 2008

Continental, un film sans fusil

J'ai eu le plaisir de visionner pour une Xième fois hier soir le premier long métrage de l'ex-kinoïte et musicien Stéfane Lafleur. Sublime, superbe ; le meilleur film québécois de l'année dernière, à mon avis. 

Continental retrace l'image de quatre personnages à la dérive telle une danse où chacun s'ennuie à reproduire des gestes sans originalité, avec l'impression d'y trouver un peu de bonheur. Comme un automatisme. Je ne vous en dis pas plus sur ces merveilleux perdants, ni sur leurs (rares) répliques insignifiantes et pleines du vide que chacun vit. 

Les moments interminables se construisent sur des esquisses de conversations ratées, sur des mains maladroitement tendues vers l'autre. Le rythme est lent, le temps morne, les scènes banales, les demi sous-sols mal décorés. Dans un ordre trop propre, les quêtes perdues d'avance se mettent en place comme un merveilleux casse-tête aux teintes de gris où chacun des silences s'additionnent pour construire une angoisse tangible. 

Je me suis laissé charmer par l'esthétique austère, l'humour noir et les longs silences. La direction artistique est impeccablement juste. Le rythme est lent, les plans sont fixes, la lumière parfaitement choisie. On retrouve d'ailleurs le même souci du détail dans la bande sonore, au bruit du frigo et du grincement du téléviseur, qui nous transporte cruellement dans la réalité, sans paroles ni refrains.

Sous l'effet miroir, on sent néanmoins que le réalisateur ne porte ni jugement ni mépris, pas plus qu'il n'offre de solutions faciles. Pour une rare fois au cinéma, on a l'imagination de ses propres fins. 

Coup de coeur

J'essaie d'oublier qu'on existe, qu'il y a peut-être une vérité. Que ce qu'on trouve de mieux à faire, les trois quarts du temps, c'est d'aller courir comme des idiots sous les orages déchaînés. 

- Charles Bolduc, Les perruches sont cuites

samedi 20 décembre 2008

À contrecoeur

Je te quitte. Comme un mal nécessaire, comme la seule issue possible. Même si j'y crois qu'à demi, même si quand je pense à toi ça fait du bien. Même s'il me reste un brin d'espoir, que tu égrènes coup sur coup. Parce que mon désir avoué qu'on se prenne la main n'arrive pas à écorcher cette peur qui te retient. 

Avec toute mon admiration, avec toute mon affection, avec la conviction la plus paradoxale qui soit. À contrecoeur, je te quitte.

(...)

Et je retape ici ces quelques mots griffonnés sur une feuille usée que je tarde à te donner, comme pour me convaincre un peu mieux.