dimanche 2 novembre 2008

Lointaine

Souvent les dimanches, alors que la ville s'endort, je fixe le mur et ma tête s'envole vers cette Île que j'ai eu la chance de rencontrer. À l'aube d'un hiver certain, je ressors ce soir mon carnet de voyage pour en retracer quelques souvenirs...

" Au-delà de la mer il existe un pays qu’on dit impossible. Au-delà de la mer il existe un pays presque aussi beau que la folie. "



Il est, au milieu du Grand Océan, dans une région où l'on ne passe jamais, une île mystérieuse et isolée ; elle est plantée de hautes statues monstrueuses, œuvres d'on ne sait quelle race aujourd'hui dégénérée ou disparue, et son passé demeure une énigme. L’enjeu amoureux de la découverte. Une île qu’on visite avec discrétion, dans le respect de ses solitudes.



Avant de planter mes orteils dans le doux sable du bout du monde, je ne connaissais à l’Île de Pâques qu’une vague image d’un bouquin merveilleux qui charma la petite fille que j’avais été. Sept statues fixant la mer ; au-dessous, en petites lettres, on évoquait une civilisation disparue. Une terre capable de soulever l’émotion à tout moment.



Aujourd’hui l’Île semble appartenir aux chevaux sauvages, qui observent de loin. Quelques centaines de Pascuans y vivent, indubitablement plus Polynésiens que Chiliens malgré leur subordination au pays latino-américain. Des Pascuans qui n’ont de conception ni de la consommation ni du travail, des Pascuans qui parlent une langue qui ne fait de sens nulle part ailleurs. Et ce qui étonne le plus, ce qui réjouit, c’est l’odeur de détachement du monde qu’on devine ici.



Après un voyage, on rentre chez soi, accroche son sac-à-dos au fond de la garde-robe. Affaire classée, la routine reprend ses droits. Il est cependant des voyages qui durent toujours, qui laissent une empreinte indélébile. Le corps est revenu mais l’esprit vagabonde toujours au gré des sentiers, s’arrêtant de ci de là lorsqu’un souvenir l’interpelle. Souvenir d’une douce absence de tout, à en donner le vertige. Les fins du monde ont un goût d’éternité.