mardi 23 décembre 2008

Continental, un film sans fusil

J'ai eu le plaisir de visionner pour une Xième fois hier soir le premier long métrage de l'ex-kinoïte et musicien Stéfane Lafleur. Sublime, superbe ; le meilleur film québécois de l'année dernière, à mon avis. 

Continental retrace l'image de quatre personnages à la dérive telle une danse où chacun s'ennuie à reproduire des gestes sans originalité, avec l'impression d'y trouver un peu de bonheur. Comme un automatisme. Je ne vous en dis pas plus sur ces merveilleux perdants, ni sur leurs (rares) répliques insignifiantes et pleines du vide que chacun vit. 

Les moments interminables se construisent sur des esquisses de conversations ratées, sur des mains maladroitement tendues vers l'autre. Le rythme est lent, le temps morne, les scènes banales, les demi sous-sols mal décorés. Dans un ordre trop propre, les quêtes perdues d'avance se mettent en place comme un merveilleux casse-tête aux teintes de gris où chacun des silences s'additionnent pour construire une angoisse tangible. 

Je me suis laissé charmer par l'esthétique austère, l'humour noir et les longs silences. La direction artistique est impeccablement juste. Le rythme est lent, les plans sont fixes, la lumière parfaitement choisie. On retrouve d'ailleurs le même souci du détail dans la bande sonore, au bruit du frigo et du grincement du téléviseur, qui nous transporte cruellement dans la réalité, sans paroles ni refrains.

Sous l'effet miroir, on sent néanmoins que le réalisateur ne porte ni jugement ni mépris, pas plus qu'il n'offre de solutions faciles. Pour une rare fois au cinéma, on a l'imagination de ses propres fins. 

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