jeudi 19 février 2009

Old man

Il était une fois ce vieil homme que je retrouve immanquablement à ma Brûlerie. À presque chacune des centaines de fois où j'y ai mis les pieds, depuis trois ans, il était là aussi. Il fume la pipe ou bien il picole sa canette de Coke Diète. Un papillon noué au collet de sa chemise, et quand il neige il enfile sa "soute" d'hiver mauve et verte. Jamais je n'ai entendu le timbre de sa voix. 

Chaque fois, j'envoie un sourire timide ou un bonsoir soufflé vers ses grands yeux tristes. Chaque fois, il jette un regard furtif à sa droite, il cherche impatiemment la mire de cette gratuité. Mal à l'aise de ne pas trouver, il tambourine sur sa canette.

Je me demande d'où il vient. Je me demande s'il a un jour été férocément amoureux, s'il se souvient des papillons qui tourpillent dans le ventre. Je me demande s'il était menuisier, fermier ou s'il a fait la guerre. Je me demande à quoi il pense, quand de ses mains il joue nerveusement avec son mouchoir. Je me demande pourquoi il ne se distrait pas d'un journal,  si on ne lui a jamais appris à lire. Je me demande où il vit. Je me demande surtout s'il a un chat pour lui tenir compagnie. 

Le dernier automne, Jean-François a discerné ma mine un peu dépitée par l'absence de réponse à ma vaine tentative. Je t'en prie, qu'il m'a dit, continue de lui tendre la main ; un jour il se sentira digne de ton sourire.

Ce soir, le vieil homme m'a souri et saluée de son bérêt.

4 commentaires:

Miléna a dit…

Je ressens un certain trouble à te lire. On dirait une soeur de pensées.

Oui.

J. a dit…

C'est pour la même raison que je lis une-deux-trois- cent fois chacune des tes belles histoires.

Oui.

=)

Miléna a dit…

:0)

contente de le savoir.

Mercurius Mendax a dit…

A le lecture de cette histoire, je vois aussi une belle ressemblance.