mercredi 5 août 2009

Étreintes

Si je me devais de choisir
Pour une raison d'espace
Un seul de mes souvenirs
Ce serait celui de toute manière 
De nos étreintes dans la mer

Si vous voyez que change mon visage
Qu'il s'illumine en plein février
Dans la grisaille les jours s'alignent
Ce n'est pas que je m'amuse de l'hiver
Je pense à nos étreintes dans la mer

dimanche 2 août 2009

La java des bombes atomiques

Je tourne un peu en rond dans ma grande maison, aujourd'hui. Pourtant c'est un dimanche gris comme je les adore ; il fait aussi sombre maintenant qu'au petit matin. Me suis réveillée avec Boris Vian au fond de ma tasse de café, un peu trop fort. Marché jusqu'au café en bas de la rue puis à l'épicerie, et ça m'a énervée, qu'il y ait tant de gens dans les allées et qu'ils marchent moins vite que moi et qu'il n'y ait pas de sirop d'érable sur les tablettes et surtout qu'il n'y ait plus de thé à la réglisse noire et à la menthe. Alors j'ai pris une douche et puis une autre, peint mes ongles d'orteil un peu tout croche, oui je sais. Je pense que j'aimerais ça, ce soir, écouter un film serrée contre toi. Et qu'un orage nous tombe dessus, aussi.

jeudi 23 juillet 2009

Vénus en balance

Allez viens tu m'as dit, on va marcher autour du Lac. Mai l'aura peut-être fondu.

Et puis on s'est égarés. Intentionnellement, c'est vrai. Y'avait plus de soleil du tout, faisait froid, dans les prémices de l'été. Y'avait même plus de Lac. Qu'une vieille voie ferrée et des silhouettes d'arbres décrépis. Pourquoi tu sens le Old Spice dans ton t-shirt orange ? On a parlé de la fille aux couettes blondes, de la déception, de l'amertume. Hésitant, tu m'as demandé si tu m'avais brusquée - fin décembre de tourmente, Montréal, ta chambre. Pourquoi ça m'avait pris tout ce temps avant de te demander d'arrêter. 

Et puis allez, suis-moi, je te fais visiter mon petit coin, tu m'as dit. Il y avait tes Converse rouges délacées dans le portique du demi sous-sol. C'était bien ici chez toi - informel, hâtif, gamin. Un bouquin de Jules Verne, une pile d'albums que je ne connais pas encore, une douillette délavée, imprimée du système solaire. Tu me fascines. Sourire timide, à ton habitude. Neptune.

mercredi 15 juillet 2009

Creep

J'ai essayé de ne pas écrire. 
De résister à mes pinceaux, trois mois maintenant.
Voir si je parvenais à m'exalter des jours qui passent sans spontanément les transposer sur papier.
Laisser aller leur empreinte.
Vivre, juste ça. Ça se peut ?

Échec, en tous cas.
3 mois maintenant and I feel so empty.
Aujourd'hui me lasse, demain m'angoisse. 
Je manque d'introspection, de perspective, d'ambition.
Je rêve de l'automne. 
I wish I was special. 
D'ici là, je vais au moins l'écrire.

jeudi 23 avril 2009

Tellement longtemps

Le samedi soir, décliner les invitations à la fête
Arracher mon soutien-gorge, enfiler un chandail usé
Tirer les rideaux verts, cadenasser ma chambre mauve
Dépoussiérer mon coffre à pinceaux 
Les mains noires d'encre, le coeur heureux.


lundi 20 avril 2009

Fondre comme la neige aux doigts du printemps

Il me semble que de la fenêtre de ma chambre violette, hier c'était l'hiver encore. L'hiver et les tisanes gingembre & menthe, avec en trame de fond les vibrations des cordes de la guitare. Contre toutes attentes, le bonheur simple au bout des doigts avec ce garçon, sans que je n'élucubre trop de mélodrames pour rythmer les crépuscules de neige. Le printemps, pas trop loin de ce garçon par qui je m'éveille à mieux m'aimer. Les mois qui s'enfilent sans rimer leur quotidien. Le printemps et ses débuts qui me mélancolisent à tout coup ; je retrouve enfin mon repère tranquille. 

vendredi 27 février 2009

Tant qu'on pourra danser, tant qu'on pourra chanter

Dès le commencement, il y a sept ans, je suis vite devenue dépendante. C'était donc en toute partialité que j'attendais Labyrinthes, comme un chef d'oeuvre annoncé. Une troisième fois, les gars de Malajube réussissent ce qu'ils savent de mieux en mieux faire. Brillamment, d'une amplitude nouvelle ; d'une complexité architecturale et d'une brisure de rythmes qui me trottent sans arrêt dans la tête depuis une semaine. Assez pour traîner mon Ipod à l'hôpital et pour me permettre une écoute d'une pièce (ou trois) entre deux patients bien sages. Hier soir, c'était le premier de deux concerts au Téléphone Rouge. Parce qu'ils ont cette qualité là aussi ; celle de choisir, par souci d'intégrité, ces petits endroits intimes pour livrer leurs chansons, en dépit des gros sous des salles trop grandes qu'ils rempliraient dans le temps de le dire. Dans mon petit repère tout rouge, les concerts ne commencent jamais bien avant minuit ; le temps de boire beaucoup de Moosehead avec le percussionniste.


J'avais parié avec C. qu'ils ouvriraient sur Ursuline : une introduction pianotée suivie de cadences de guitares scindées et le bal était ouvert, dans un délire certain. Julien brise une corde dès ses premiers  accords ; puis la nuit s'élance au son d'un chaos si bien organisé, d'une progression de notes fantômatiques et de glorieux solos de guitares superposées. Ces gars là arrivent à piocher sur leurs instruments et à crier dans leur microphones d'une façon qui me ravit.  

Une sublime Monogamie. Étienne d'Août qui m'arrache les larmes des yeux à chaque fois. Une parfaite montée des Collemboles. La Valérie, qu'on n'espérait plus et Christobalt, pour finir. Vous savez, cet instant de pur bonheur qui vous envahit parfois, au détour d'un concert ? Le ravissement de vivre cette extase musicale, la fierté de voir ces gars d'ici créer d'une façon si ingénieuse. Et la naïve impression que c'est encore une fois l'un des plus beaux concerts que l'on ne verra jamais. 

samedi 21 février 2009

Je voudrais me déposer la tête

J'ai la gorge coincée par mes amygdales éléphantesques et les mots ne parviennent même plus à en sortir. J'ai avalé de la purée de pommes au petit déjeuner, de la purée de fraises et poires au dîner et je n'ai pas d'appétit pour le souper. Envie d'une longue douche ni chaude et ni froide, pour adoucir la fièvre. Pas un brin d'énergie pour m'y traîner. 

J'ai la tête qui virevolte ; sous ma peau ça bouille et c'est le Pôle Nord la minute qui suit. Cette peau sensible comme celle d'une jeune fille qu'on touche pour la première fois. 

Je pense que je vais aller me cacher sous les couvertures jusqu'à demain, avec mon ourson polaire. 

jeudi 19 février 2009

Old man

Il était une fois ce vieil homme que je retrouve immanquablement à ma Brûlerie. À presque chacune des centaines de fois où j'y ai mis les pieds, depuis trois ans, il était là aussi. Il fume la pipe ou bien il picole sa canette de Coke Diète. Un papillon noué au collet de sa chemise, et quand il neige il enfile sa "soute" d'hiver mauve et verte. Jamais je n'ai entendu le timbre de sa voix. 

Chaque fois, j'envoie un sourire timide ou un bonsoir soufflé vers ses grands yeux tristes. Chaque fois, il jette un regard furtif à sa droite, il cherche impatiemment la mire de cette gratuité. Mal à l'aise de ne pas trouver, il tambourine sur sa canette.

Je me demande d'où il vient. Je me demande s'il a un jour été férocément amoureux, s'il se souvient des papillons qui tourpillent dans le ventre. Je me demande s'il était menuisier, fermier ou s'il a fait la guerre. Je me demande à quoi il pense, quand de ses mains il joue nerveusement avec son mouchoir. Je me demande pourquoi il ne se distrait pas d'un journal,  si on ne lui a jamais appris à lire. Je me demande où il vit. Je me demande surtout s'il a un chat pour lui tenir compagnie. 

Le dernier automne, Jean-François a discerné ma mine un peu dépitée par l'absence de réponse à ma vaine tentative. Je t'en prie, qu'il m'a dit, continue de lui tendre la main ; un jour il se sentira digne de ton sourire.

Ce soir, le vieil homme m'a souri et saluée de son bérêt.